En France, 42 % des 18-25 ans déclarent privilégier le paiement en espèces pour leurs achats quotidiens, selon une étude OpinionWay publiée en mai 2024. Ce choix contraste avec la montée en puissance des applications de paiement mobile et des cartes sans contact chez les générations précédentes.
La résistance à l’abandon de l’argent liquide chez les jeunes surprend les acteurs du secteur bancaire, qui misaient sur une transition rapide vers le tout-numérique. Les habitudes de paiement évoluent, mais les préférences affichent des nuances inattendues.
Les jeunes et l’argent liquide : une histoire qui évolue
La tendance s’impose sans détour : une large part de la jeunesse française se tourne résolument vers le liquide, si l’on en croit l’étude la plus récente consacrée aux habitudes de paiement. Près d’un jeune sur deux choisit encore le cash pour régler ses dépenses quotidiennes, loin devant les solutions numériques pourtant omniprésentes dans le discours ambiant. Ce choix, qui pourrait paraître décalé à l’heure du paiement sans contact, reflète une défiance envers les systèmes dématérialisés et le désir de garder la main sur son budget.
Les chiffres sont clairs : pour 42 % des moins de 25 ans, l’espèce s’impose comme le mode de paiement de référence. Sortir un billet, recevoir la monnaie : ce geste incarne une façon concrète de visualiser l’argent qui quitte le porte-monnaie. La carte bancaire séduit par sa praticité, mais reste associée à une forme d’abstraction. Quant au smartphone, s’il intrigue, il ne parvient pas à lever toutes les réticences. Le contact avec le billet, le bruit de la monnaie, tout cela rassure. Les jeunes veulent voir, toucher, compter.
Ce retour au cash s’explique aussi par la nature des achats : beaucoup de petits montants, des courses de proximité, des sorties entre amis. Pour ceux qui jonglent avec des ressources limitées ou un budget serré, l’espèce permet de ne pas dépasser le seuil fixé. Voici pourquoi ce mode de paiement continue de séduire :
- Permet un suivi instantané du budget
- Évite les frais bancaires inattendus
- Préserve la confidentialité des transactions
Privilégier le liquide, c’est aussi affirmer une forme d’indépendance : refuser la traçabilité, garder une part d’intimité sur la gestion de son argent, et revendiquer une pratique qui échappe à la dématérialisation. L’étude met en lumière ce paradoxe : la modernité technologique cohabite avec un attachement profond à des usages jugés plus authentiques.
Pourquoi le cash résiste-t-il face aux paiements numériques ?
Sur le terrain du numérique, l’argent liquide refuse obstinément de disparaître. Tout tourne autour de la confiance : la monnaie physique rassure celles et ceux qui, en France ou ailleurs en Europe, se méfient des failles potentielles des paiements électroniques. Pas d’intermédiaire, aucune trace directe, une gestion qui échappe aux banques et à la surveillance des flux. L’espèce, c’est la garantie d’une vie privée préservée, là où les transactions bancaires s’accompagnent de leur lot de données collectées.
Les services numériques rivalisent d’arguments pour séduire : rapidité, simplicité, accessibilité. Pourtant, ils imposent une dépendance accrue à la technologie, au bon fonctionnement des réseaux, à la sécurité informatique. Les pannes, bugs et piratages récents ont entamé la confiance dans la dématérialisation à marche forcée. Pour beaucoup, le numérique reste une promesse, pas encore une évidence.
Plusieurs raisons concrètes expliquent la préférence pour le cash :
- Aucune donnée personnelle enregistrée, ni historique à surveiller
- Chaque dépense est visible, pas de mauvaise surprise en fin de mois
- Pas besoin de code, d’application ou de batterie : le liquide fonctionne partout, tout le temps
La popularité persistante du cash, face à la vague numérique, révèle une tension profonde : entre l’attrait de la nouveauté et la volonté de garder la maîtrise. Les habitudes bougent, mais la demande pour des moyens sûrs et familiers reste forte, portée par une génération qui a grandi avec le numérique, mais choisit encore l’autonomie.
Zoom sur les nouvelles habitudes de paiement des moins de 30 ans
Les moins de 30 ans font bouger les lignes. Loin de se limiter à une seule méthode, ils multiplient les outils : carte bancaire, cash, paiement mobile, tout y passe selon les situations. Si la carte bancaire domine pour la majorité des achats, l’argent liquide continue de jouer un rôle central, surtout pour les montants modestes ou les petites dettes entre amis.
Le paiement mobile connaît une progression remarquable, porté par la praticité des applications et la généralisation des smartphones. Dans la vie quotidienne, les moins de 30 ans jonglent avec les solutions mobiles, les portefeuilles numériques et les transferts entre particuliers. Pour rembourser un proche, régler une addition partagée, ou effectuer un micro-paiement, le téléphone devient un réflexe. Mais ce n’est pas pour autant que les billets disparaissent. Beaucoup gardent un peu de cash sur eux, pour garder la main sur leurs finances ou parer à l’éventualité d’un terminal défaillant.
Voici les tendances qui se dessinent chez les jeunes adultes :
- La carte bancaire reste privilégiée pour la plupart des achats
- Le paiement mobile séduit par sa rapidité, mais ne supplante pas totalement les espèces
- L’utilisation des portefeuilles numériques comme Apple Pay ou Google Pay se développe surtout en ville
L’étude montre un équilibre : aucune technologie ne s’impose partout. La génération actuelle choisit l’argent liquide pour certains usages, tout en adoptant des outils numériques là où ils apportent une réelle valeur ajoutée. Cette approche mixte, flexible, reflète une recherche d’efficacité, de contrôle et de liberté individuelle.
Des solutions innovantes pour une génération en quête de simplicité
Les jeunes ne se contentent pas des solutions héritées : ils adoptent tout ce qui simplifie la vie. Sur les campus ou dans les grandes villes, la demande pour des portefeuilles électroniques explose. Apple Pay, Google Pay, Lydia : chaque application apporte un usage différent, et le smartphone prend de plus en plus de place pour régler, rembourser ou gérer des abonnements. La carte physique, elle, recule doucement face à l’écran tactile.
Les cartes de paiement évoluent aussi. Le paiement fractionné, ou Buy Now Pay Later (BNPL), rencontre un succès grandissant : il permet de répartir une dépense, d’éviter le crédit classique, et d’avoir toujours une vision claire de ses finances. Les acteurs du secteur, attentifs à la sécurité, renforcent le cryptage des données et multiplient les notifications en cas de mouvement suspect.
La France se prépare à voir arriver l’euro numérique dans les prochaines années. Banques traditionnelles et fintechs rivalisent pour imposer leur vision : simplicité d’utilisation, sécurité renforcée, praticité. Le paysage bouge vite : jeunes start-ups, grands groupes, tout le monde veut sa part du gâteau. Les consommateurs, eux, profitent de cette diversité pour tester, comparer, changer d’outil selon leurs besoins.
- Des portefeuilles électroniques pour gagner du temps
- Des solutions BNPL adaptées aux budgets serrés
- Une vigilance accrue sur la sécurité et la confidentialité des paiements
Entre billets et QR codes, la jeunesse trace sa route : à chaque situation son outil, à chaque besoin sa solution. Impossible de prédire si le cash cédera vraiment la place. Pour l’instant, les jeunes Français prennent le meilleur des deux mondes, sans renoncer à ce qui leur permet de garder la main sur leur argent. Qui aurait parié, il y a dix ans, que la monnaie sonnante tiendrait encore tête à l’ère du tout numérique ?

