Il y a des signaux qu’on ne peut pas ignorer : cet été, l’exécutif a clairement laissé entendre aux entreprises que la gestion des arrêts maladie allait changer de ton. D’abord, l’idée d’imposer aux sociétés un financement unilatéral des indemnités a surgi, vite balayée face au tollé général. Devant cette contestation, la CPME a pris la plume et dégainé ses propres pistes pour réformer l’indemnisation, en s’adressant directement au gouvernement.
L’indemnisation des arrêts de travail : le débat relancé
Les arrêts maladie grimpent en flèche, et les dirigeants s’inquiètent. Pour calmer le jeu et tenter d’apporter des solutions, le gouvernement s’est montré proactif : le Premier ministre Édouard Philippe a ainsi proposé que les entreprises financent elles-mêmes, entre le 4e et le 7e jour d’arrêt, une partie de l’indemnisation. L’idée a vite été retoquée par les organisations patronales, qui y voyaient un transfert de charges injuste. Devant la fronde, l’exécutif a réajusté sa posture : retour à la table des négociations, demande d’avis aux partenaires sociaux pour déminer ce qu’il considère comme un système inéquitable, source de démotivation collective. C’est dans ce contexte que la Confédération des Petites et Moyennes Entreprises (CPME) a décidé de faire entendre sa voix. À travers ses recommandations, l’organisation cible une refonte profonde de la gestion des arrêts maladie.
Ce que propose la CPME
Pour la CPME, impossible de revoir l’indemnisation sans rappeler la nécessité de responsabiliser chaque salarié. Première proposition phare : instaurer un nombre de jours de carence identique pour tous, quelle que soit l’entreprise ou le secteur. L’objectif est clair : que chaque salarié soit logé à la même enseigne. Néanmoins, fini le couperet pour certains arrêts médicaux : ceux liés à une intervention chirurgicale seraient, eux, exonérés de cette carence.
Autre levier défendu par la CPME : limiter à trois le nombre de renouvellements d’un arrêt maladie par le même médecin. Au-delà, seul le médecin-conseil de la Sécurité sociale pourrait autoriser une prolongation. Cette mesure vise à prévenir les renouvellements à la chaîne qui finissent par fragiliser le système.
Face aux dérives, l’organisation ne se contente pas de généralités. Elle réclame des contrôles systématiques pour tout arrêt de travail supérieur à un mois, comme le détaille le site contrôle d’arrêt de travail. Autre point sensible : la multiplication des arrêts le vendredi ou le lundi, qui mériterait, selon la CPME, une vigilance accrue. Enfin, la CPME rejette catégoriquement toute idée de financement direct par les employeurs. Ce serait, selon elle, imposer une double peine aux entreprises : contribuer deux fois pour la même dépense, un scénario jugé inacceptable par les patrons.
La CPME ne se contente pas de défendre les intérêts des entreprises : elle cherche aussi à refonder la relation de confiance entre salariés, employeurs et système de santé. Reste à savoir si le gouvernement prendra le risque d’ignorer ces propositions, ou s’il saura s’en saisir pour réconcilier efficacité et équité. Un dossier brûlant où chaque arbitrage pèsera lourd, d’un côté comme de l’autre du bureau.


