Millennials : pourquoi vivent-ils encore chez leurs parents ?

26 août 2025

En France, près de la moitié des 18-34 ans vivent encore au domicile parental, selon l’Insee. Le phénomène s’est accentué depuis la crise de 2008, malgré une hausse du niveau d’études et un accès facilité à la mobilité internationale.

Un phénomène générationnel en pleine mutation

Oubliez le cliché du jeune adulte indécis, alangui dans sa chambre d’ado, la console à portée de main. Aujourd’hui, près de 5 millions de jeunes adultes partagent leur toit avec leurs parents en France, d’après la Fondation Abbé Pierre. Hommes, femmes, étudiants, salariés, issus de tous horizons : l’INSEE confirme que le phénomène traverse désormais tous les milieux. La fameuse génération boomerang désigne ces jeunes qui, après un premier envol, doivent revenir au bercail, souvent bousculés par un contexte économique ou professionnel difficile.

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Quelques chiffres permettent de prendre la mesure de la situation :

  • L’âge moyen de départ du domicile parental en France est de 23,6 ans.
  • En Europe, la moyenne grimpe à 26,5 ans selon Eurostat, avec de fortes différences selon les pays.

La cohabitation intergénérationnelle s’impose peu à peu comme une étape structurante de la vie des millennials. Elle n’est plus seulement matière à moquerie dans la pop culture. Les statistiques de la Drees et de l’INSEE montrent un basculement : si les hommes restent majoritaires parmi les adultes vivant chez leurs parents, la tendance s’étend désormais à toute la génération des digital natives.

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Ce vaste mouvement ne traduit pas simplement une adaptation forcée : il marque une rupture avec les modèles des générations précédentes. La génération boomerang réécrit les codes de l’autonomie et oblige familles comme décideurs à revoir leurs repères, et à cesser de croire que l’indépendance ne tient qu’à une question de volonté.

Quels obstacles freinent l’autonomie des millennials ?

Les millennials avancent sur un terrain miné. Entre loyers qui s’envolent, salaires qui stagnent et coût de la vie qui explose, prendre son indépendance relève souvent du parcours du combattant. Paris, Lyon, Bordeaux : dans ces grandes villes, trouver un studio devient un luxe inabordable. La crise du logement s’installe, tandis que le logement social reste hors de portée pour beaucoup.

Voici pourquoi de nombreux jeunes voient leur départ du foyer familial reculer :

  • Entrée dans la vie active dominée par des contrats précaires : CDD, intérim, alternance.
  • Un chômage des jeunes encore bien supérieur à la moyenne, ce qui limite l’accès au crédit et à la location.
  • Des salaires de départ qui suffisent à peine à couvrir les frais d’un logement autonome.

La crise économique liée au Covid-19 a encore aggravé la situation. Beaucoup ont vu leur emploi disparaître ou leurs projets repoussés. Des étudiants privés de petits jobs ont dû regagner la maison familiale. Même les jeunes actifs reportent leur envol, conscients qu’il leur faut davantage d’économies pour faire face à un achat immobilier ou poser une simple caution.

Sur le marché locatif, les exigences de garanties écartent d’office ceux qui n’ont ni CDI ni revenus réguliers. Les aides existantes restent bien souvent insuffisantes. Résultat : la génération boomerang s’installe, non pas parce qu’elle en rêve, mais parce que le contexte la pousse à repousser l’autonomie. L’envie de faire différemment ne suffit plus, la réalité pèse bien plus lourd.

Au-delà des clichés : déconstruire les stéréotypes sur le “retour chez les parents”

Le phénomène Tanguy, figure du film d’Étienne Chatiliez, hante encore les conversations, comme si vivre chez ses parents après 25 ans relevait de la paresse ou de l’indécision. La pop culture s’en amuse, les réseaux sociaux s’en emparent. Mais la réalité, bien différente, balaie les raccourcis. Près de 5 millions de jeunes adultes vivent aujourd’hui chez leurs parents en France, selon la Fondation Abbé Pierre. L’image du “profiteur” ou du “fainéant” ne résiste pas à l’analyse.

La cohabitation intergénérationnelle n’est ni un aveu d’échec, ni un manque d’ambition. Sandra Gaviria, sociologue, souligne que les raisons économiques se mêlent à des facteurs culturels et personnels. En Espagne ou en Italie, rester proche de la famille adulte est une norme sociale, parfois même valorisée. À l’opposé, le Danemark ou la Norvège encouragent le départ précoce comme signe d’autonomie.

La stigmatisation du retour au foyer parental s’efface au fil des années, à mesure que le phénomène se généralise dans toute l’Europe. Les générations précédentes oublient parfois que les conditions actuelles n’ont plus rien à voir avec le passé. La génération boomerang, loin de baisser les bras, invente de nouveaux repères pour passer à l’âge adulte, souvent bien loin des schémas classiques.

jeunes adultes

Entre contraintes et aspirations, ce que révèle ce choix de vie

La cohabitation parentale ne se réduit pas à une simple question de finances. Elle s’inscrit dans un entre-deux, parfois fertile, entre nécessité et envie. Charline, 27 ans, a dû retourner vivre chez sa mère après avoir perdu son travail. Elle raconte un quotidien ponctué de compromis : “L’intimité devient rare, la patience indispensable.” Comme elle, beaucoup voient dans ce retour une manière de s’appuyer sur le soutien familial face à la précarité du marché du travail ou à des salaires trop bas pour vivre seul.

Si cette solidarité familiale offre une protection, elle a aussi ses revers. L’intimité amoureuse s’efface, le sentiment d’autonomie s’amenuise parfois. Certains, comme Marie, 29 ans, participent activement aux dépenses du foyer, brouillant les frontières entre générations. Cette nouvelle forme de solidarité, née des crises successives, redessine les équilibres familiaux.

La psychologue Johanna Rozenblum insiste sur la nécessité de préserver l’estime de soi dans cette configuration : “Trouver sa place sans se sentir en échec.” Pour beaucoup, la cohabitation marque une phase transitoire, pas une impasse. Les jeunes adultes interrogent le modèle de l’indépendance, l’adaptent à la conjoncture et inventent de nouvelles façons d’être ensemble, sans renoncer à leurs ambitions.

En résumé, les aspects vécus au quotidien sont multiples :

  • Soutien familial : protection et entraide face à l’incertitude
  • Intimité : à repenser, entre espaces partagés et besoin de liberté
  • Patience : une ressource précieuse pour préserver l’équilibre

Rien ne dit que cette génération s’en contentera éternellement. Mais pour l’heure, elle avance, cherche, ruse, et redessine la carte de l’autonomie, loin des vieux schémas. Une chose est sûre : la maison parentale n’a pas fini de bruisser des allers-retours de ses grands enfants.

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